Jean-Paul CHABLAIS.

A CHABLAIS la sculpture a envoyé en cadeau un mécano. Qu'on ne s'y méprenne pas, les formes ne préexistent pas; c'est lui qui les façonne. Ce sont pièces de bois - dominantes - éléments métalliques, minéraux, cordages de cuir ou de chanvre - n'énumérons pas, la liste à la fin envahirait l'oeuvre.

Telles sont donc les pièces. Et la qualité de leur polissage, le soin de leur finition ne trahiront jamais leur origine passable: ils viennent du rebut; sauvés, cherchés, ils furent - à temps - récupérés. Dirons-nous qu'un soin affectueux leur redonne un destin? La savante restauration qui les ramène à la vie le laisserait à croire.

Du mécano, il a la construction. Ainsi, sur une structure dynamique qui lui sert d'ossature verticale, CHABLAIS inscrit son répertoire d'éléments disparates. L'équilibre issu d'une telle rencontre procède donc d'une tension où des structures tendues installent des contrepoids, des contrepoints; où la distinction des matériaux définit de subtiles surprises; où le détail des points d'accroches, chevilles ouvrières, suggère une sérénité qu'on sent propice à la quiétude.

Ce sont là des totems, des poteaux en quête d'une poétique émergence. Leur échelle et le terme qui pourrait s'entendre doublement est variable. Eléments d'une architecture imaginaire, mesurent-ils un mètre ou bien trente? L'espace où nous les installons existe moins qu'il ne se rêve; et le mécano revient dans ses interstices.

Par leurs délicates courbures, par le souvenir de leur ordre organique, par leur musicalité quasi instrumentalisée, ces oeuvres me découvrent d'intimes confidences.